Wiley rencontre David à la Malmaison
Les MBA in Arts & Cultural Management ont inspiré le commissaire de l'exposition "Wiley rencontre David", Emmanuel Delbouis, membre du jury pour les Titres diplômants pour les MBA de l’IESA et consultant stratégie de marques pour le Ministère de la Culture (France).
L’exposition « Kehinde Wiley rencontre Jacques-Louis David » au Château de Malmaison réunit le portrait de Napoléon peint par Jacques-Louis David en 1800 et sa version contemporaine imaginée par Kehinde Wiley en 2005. Une rencontre inédite qui ouvre une réflexion sur la codes de représentation du pouvoir, l’importance des contextes historiques des œuvres et la part de mise en scène inhérente à tout portrait.
Kehinde Wiley rencontre Jacques-Louis David au Château de Malmaison
Le tableau Le Premier Consul franchissant les Alpes, œuvre emblématique de Jacques-Louis David, représente Napoléon dans une attitude calme sur un cheval fougueux, qui le place dans la lignée de grands conquérants comme Hannibal et Charlemagne. Cette puissante composition commandée par le roi d’Espagne a connu ensuite de nombreux déplacements, de Madrid aux États-Unis puis à Malmaison en 1949.
Si l’œuvre de Jacques-Louis David a inspiré de nombreux autres artistes, pour des exercices de fidèle copie ou au contraire de détournement, c’est Kehinde Wiley qui en tire la version la plus chargé de significations avec sa grande composition peinte en 2005. Depuis 2001, l’artiste américain né en 1977 s’intéresse justement à la grande tradition du portrait historique et en explore les ressorts et les implications.
Une réflexion sur les portraits historiques par Kehinde Wiley
Les portraits historiques, qui ont pour but de mettre en lumière et d’asseoir le statut social et le pouvoir du modèle, sont en effet des outils privilégiés pour étudier comment certains groupes d’individus ont été évincés des récits de l’histoire de l’art et de l’histoire européennes. Les tableaux de Kehinde Wiley replacent sur le devant de la scène des modèles afro-américains qui, comme lui-même, sont en partie exclus de la société.
Ainsi, dans le tableau Napoleon Leading the Army over the Alps de Kehinde Wiley, le cheval et une partie du décor du tableau original sont repris tandis que la figure de Napoléon Bonaparte est remplacée par celle d’un Afro-Américain anonyme coiffé d’un bandeau et portant un treillis et des chaussures de la marque Timberland, autant d’attributs typiques de la jeunesse contemporaine. Issue d’une série de portraits équestres intitulée Rumors of War, cette œuvre remet en question les canons de l’art et ouvre une réflexion sur les codes de représentation du pouvoir.